Il existe au parc de Sceaux, non loin du canal, un peu à l’écart du monde, un eden miniature, connu des seuls initiés. Un carré de pelouse verte, dissimulée par une ceinture de haies et plantée d’une cinquantaine de cerisiers roses et centenaires. Une fois par an et le temps d’un déjeuner sur l’herbe les arbres se couvrent de fleurs offrant au promeneur privilégié, et pour peu qu’il fasse beau, un spectacle à couper de souffle.
Chaque année, je guette ce moment éphémère et enchanteur. Dimanche dernier, c’était trop tôt. Et le ciel était bas. Dimanche prochain, ce sera peut-être trop tard. Je me suis donc décidé à y aller hier, en fin d’après-midi. Le temps était radieux, les passants peu nombreux. Et quelle ne fut pas ma récompense lorsqu’au détour d’une allée, je suis tombé sur ce feu d’artifice. Ce week-end sera un jour particulier. Le cerisier (Sakura) est par essence l’arbre sacré du Japon. Il est pour eux le symbole de la beauté éphémère. Symbole de la vie : belle et courte, tout comme la fleur du cerisier. Pendant la seconde guerre mondiale, les japonais pensaient que l’âme des soldats morts au combat se réincarnait en fleurs de cerisier. Chaque année, les japonais du monde entier guettent la floraison des cerisiers et la célèbrent. L’occasion, pour eux de se rassembler en famille ou entre amis pour contempler cette beauté, et pique-niquer. Ce week-end, cet événement aura un parfum tout particulier. Le carré de cerisiers du parc de Sceaux sera l’espace de quelques heures un petit morceau de Japon. Un temps de fête mais aussi un temps de recueillement et d’espoir. Ce week-end, que nous parcourions les allées du parc ou pas, nous serons tous des japonais !
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