J’assistai hier au rendu d’une étude sur la R.S.E. (Responsabilité Sociale d’Entreprise). Sujet passionnant et qui a beaucoup évolué au cours de ces dernières années. Fini l’idéalisme béat des débuts. L’opinion publique ne voit plus dans les grandes entreprises exclusivement des monstres froids et sanguinaires, avides de profits et peu soucieuse du bonheur humain. Elle n’attend plus d’elles qu’elles se repentent et s’engagent à corps perdu dans le sauvetage de la planète, protègent les espèces en voie de d’extinction, creusent des puits au Sahel. Fini aussi l’angélisme qui voulait que l’entreprise devait changer de modèle et renoncer à faire des bénéfices. Aujourd’hui, l’engagement R.S.E. est plus raisonné, pragmatique, réaliste aussi. Il repose sur 2 piliers forts : L’humain et le long terme. Que peut faire l’entreprise au quotidien pour améliorer le sort des salariés, des consommateurs, des individus qui gravitent autour d’elle. A ces 2 piliers s’ajoute bien entendu une dimension mondiale. En matière de responsabilité sociale, les frontières n’existent plus. Pourtant les attentes que les individus ont vis-à-vis des entreprises en la matière se révèle est à géométrie variable. Il n’y a pas de standard, de référence absolue. Un niveau de bonheur humain minimum à atteindre (comment pourrions-nous le mesurer d’ailleurs ?). Personne n’attend de Total la même chose que de la RATP, d’EDF ou d’Areva. Pas plus que sont identiques les attentes vis-à-vis de Carrefour, de Leclerc ou de Système U. Le secteur compte pour beaucoup, de même que l’histoire de l’entreprise, sa place sur le marché et bien sûr, le contexte économique du moment. Le contrat social tacite qui existe entre une entreprise et ses publics peut ainsi varier radicalement d’une entreprise à l’autre. Globalement, on attend beaucoup plus des entreprises leaders que des autres. A fortiori lorsqu’elles sont ancrées dans le paysage depuis longtemps ou qu’elles occupent une place de pointe sur leur secteur. Devant la R.S.E. toutes les entreprises ne sont pas égales. A court terme, et d’un point de vue concurrentiel, c’est un vrai handicap pour les leaders auxquels on demande plus et pardonne moins. Un avantage pour les petits qui ont, de fait, une marge de manœuvre plus grande et une tolérance plus élevée. Mais ce qui reste le plus marquant à travers les conclusions de cette étude, c’est que le fait d’avoir encore aujourd’hui une politique R.S.E. au sein d’une grande entreprise est suspicieux. Cela montre que l’entreprise, dans son activité courante, n’est pas naturellement responsable et qu’elle a besoin d’ajouter artificiellement un volet R.S.E. pour compenser. Une manière de se racheter ! La responsabilité sociale moderne doit être intégrée au sein même de l’activité de l’entreprise. Selon les experts, il ne devrait plus y avoir de différence entre les objectifs de l’entreprise et ceux poursuivis dans le cadre d’une responsabilité sociale d’entreprise. Bien être humain et performance économique ne sont plus antinomiques, ils doivent donc fusionner.
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