Passionnant dossier ce mois-ci dans « Enjeux Les Echos » sur le Low Cost. Il en ressort que si le Low Cost, rendu en grande partie possible par la digitalisation de l’économie, est un booster économique qui stimule les marchés et profite à court terme aux consommateurs, il comporte aussi de sérieux effets pervers car il supprime des emplois et tire les coûts du travail vers le bas. Mais l’effet le plus destructeur est ailleurs. En s’imposant chez nous, dans tous les secteurs, le low cost affecte profondément ce qui fait (encore) notre force aux yeux du monde : le haut de gamme à la Française. Si le Low Cost gagne chez nous et devient la référence, serons-nous encore capable d’innover, de créer de la valeur, de produire de la qualité et de la vendre à son prix ? Que restera-t-il de notre modèle de société, envié de par le monde ? De cette qualité de vie, de notre culture, de notre génie créatif ? Quelle place occuperons-nous demain sur l'échiquier mondial ?
En réalité, nous risquons à la fin de perdre sur les deux tableaux. D’une part parce que nous ne serons jamais aussi compétitif sur le low cost que nos concurrents des pays émergeants et d’autre part parce que, sur le « high cost » nous n’aurons pas su préserver notre identité en laissant se perdre savoir-faire, culture et valeurs. A force de tirer vers le bas, de baisser les coûts, de rogner les marges, de taxer la valeur et de stigmatiser ceux qui, chez nous, cultivent le luxe et concourent au haut de gamme, nous affaiblissons nos chances de sortir gagnant de la grande mutation en cours. Mutation profonde, qui n’est pas comme on l'entend tous les jours, une crise, mais bien une redistribution générale des cartes où chacun doit choisir la place qu’il veut occuper et mettre tout en œuvre pour y parvenir. C'est cette vision là qu'il nous manque. Difficile, j'en conviens, de proner chez soi l'égalité pour tous, la sécurité, la normalité et de promouvoir en dehors un modèle élitiste, fondé sur l'exception, la distinction, la très haute qualité.
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