Vous connaissez sans doute l’adage inspiré de la sagesse populaire « Vivons heureux, vivons cachés ! ». Et bien, figurez-vous qu’ il est faux. Ce serait même tout le contraire ! A croire Jeremy Bantham, philosophe Britannique du XVIII ème siècle, seule la transparence absolue mènerait au bonheur. En effet, selon sa théorie, le fait, pour un individu, d’être exposé en permanence à la vue d’autrui, le pousse naturellement à bien se conduire.
Le regard des autres à travers leur jugement encourage celui qui cherche à s’intégrer dans la société à adopter un comportement exemplaire de sorte que la communauté n’ait rien à lui reprocher et l’accepte. Logique ! Au temps de Jeremy Bentham, la question de la transparence ne se posait pas avec la même acuité qu’aujourd’hui. Elle dépendait pour beaucoup de la volonté individuel d’être ou ne pas être transparent. Désormais, la transparence peut être imposée. Qu’on la veuille ou non. Les moyens technologiques permettent de savoir TOUT (ou presque) sur chacun d’entre nous. Et ça va s’amplifier. L’affaire de la NSA nous le rappelle. Dans notre société, la transparence ne peut désormais être dissociée de la question de la surveillance. Faut-il, pour leur propre bonheur, surveiller tout le monde ? Les défenseurs de la liberté vont s’insurger. Et ils auront raison. Sans liberté, le bonheur est impossible ! La preuve. Il suffit de regarder l’exemple de l’Allemagne de l’Est sous l’ère de la STASI. Pourtant, plusieurs différences notables font que la surveillance de cette époque n’a pas grand-chose à voir avec la surveillance d’aujourd’hui. Celle-ci n’est pas confisquée par une petite minorité qui entend imposer une idéologie totalitaire. Elle est partagée par de multiples acteurs dont les intérêts sont aussi variés qu’ils sont nombreux. D’autre part, la surveillance, bien que généralisée, n’est pas « personnalisée ». On sait ce que tout le monde fait mais, sauf exception, on ne recherche pas à savoir précisément ce que chacun fait. Ainsi, lorsqu’on met des caméras dans les villes, on améliore la sécurité dans l’intérêt de tous. Et lorsqu’on trace le parcours des consommateurs on-line, on optimise le ciblage publicitaire pour leur adresser des messages plus pertinents. Le fait que tout le monde ait les moyens de surveiller tout le monde crée un équilibre et engendre finalement un cercle vertueux par lequel la transparence devient un principe incontournable qui s’impose à tous. .. et garantit, de ce fait, la liberté, sans laquelle l’accès au bonheur n’est pas possible. La boucle est bouclée !
Et vous, qu'en pensez-vous ?
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